CUSCO

Disons le tout de go: nous avons adoré cette ville. Belle, riche d'histoire, propre (l'exception péruvienne), centre de l'artisanat traditionnel, ville universitaire encore à taille humaine, située dans une région vraiment incroyable, bref le genre de ville où l'on pourrait vivre !

 Des ruelles pavées, étroites, tortueuses... offrant de jolies balades  à n'en plus finir.

En voilà, une que nous avons redescendu en marche arrière, car redémarrage en côte impossible à son sommet... malgré l'aide de deux péruviens sympa, mais inconscients qui ont voulu absolument essayé de pousser les presque 4 T. du camion !

Cette belle ville coloniale, qui vit en bonne partie de son passé inca, exprime cette ambivalence dans tout son centre ville, telle la statue du dernier inca devant le clocher d'une abbaye. Celui-ci fut étranglé en place publique après des dizaines d'années de résistance face aux espagnols.

Les grands édifices administratifs ou religieux inca étaient édifiés avec des pierres monolithiques taillées et assemblées avec une telle perfection qu'il est impossible de glisser une feuille de papier entre les pierres près de 600 ans après leur construction. Ils ont résisté à tout: séismes, incendies, constructions sans ménagement des colons, etc.

Plus extraordinaire encore, le temple du soleil édifice central de l'organisation inca a été redécouvert au XXème siècle enfoui sous la cathédrale et son immense cloître... Ses murs étaient tellement parfaitement construits, que les conquistadores ont renoncé à le détruire totalement et les ont utilisés comme fondation de leur plus immense construction. Comme dans toute l' Amérique latine, la soif d'or des espagnols (l'intérieur du temple était semble-t-il recouvert entièrement de plaque d'or pur) et l'obscurantisme destructeur du clergé font que l'on ne sait rien des techniques employées par les civilisations précolombiennes. Et pourtant, ici les techniques surpassent nos meilleurs normes antisismiques modernes et les maçonneries laissent entrevoir les emplacements de systèmes d'ouverture élaborés des lourdes portes qui fermaient le temple.

 Bref, nous avons été touchés par cette ville historique qui un peu comme Istanbul (ou comme Mossoul en ce moment même), a connu des tentatives d'éradication du passé... Au final aucun des efforts accomplis par les pillards ne peut l'accomplir en totalité et le temps juxtapose, superpose et associe les cultures.

La meilleure preuve: ici, les étudiants (depuis bien longtemps métissés) se regroupent sur les places le dimanche soir pour redonner vie aux danses traditionnelles inca qui ont été transmises de générations en générations. Et cela sans bêtifier, ils font ça d'une façon singulièrement moderne en jean et en basket... Nous au début on a cru que c'était de la "break dance", puis les groupes se sont organisés garçons en face des filles... et nous avons eu droit a de véritables ballets parfaitement synchronisés. Même la pluie ne les a pas arrêtés, nous étions tellement charmés que nous n'avons pas pensé à prendre des photos! Quelle leçon culturelle... Véritable pied de nez  à l'uniformisation hollywoodienne ou aux intégristes de tout poil !